Rencontre avec Thierry Millon, Altarès Dun & Brastreet
En quoi votre société est-elle concernée par les délais de paiement ?
Dès le 20 juin 1841, Dun & Bradtsreet, alors The Mercantile Agency, proposait à ses abonnés des rapports financiers sur leurs clients. 178 ans plus tard, la base de données mondiale compte des milliards de data sur plus de 320 millions d’entreprises de 220 pays. Et toujours au cœur de ces data, le paiement. Notre programme international exclusif DunTrade® continue de s’adapter aux usages et nouvelles technologies pour proposer une lecture factuelle des pratiques de paiement de plus d’un milliard de relations client/fournisseur.
Quelle est votre perception de l’enjeu des délais de paiement ?
La lutte contre les retards de paiement interentreprises est non seulement un enjeu essentiel de compétitivité des entreprises et de bon fonctionnement de l’économie mais aussi une question de survie pour des centaines de milliers d’entreprises en Europe.
Le crédit interentreprise représente une source majeure du financement court terme des entreprises. La FIGEC l’évalue à 672 milliards d’euros. Ce crédit est parfois une ressource, notamment pour les acteurs du BtoC comme le commerce de détail ou l’hébergement-restauration, mais plus souvent une charge pour les entreprises du BtoB. Or en devenant le banquier de son client, le fournisseur s’expose à un transfert du risque de ce client vers lui-même. Rappelons en effet qu’un quart des défaillances d’entreprises seraient imputables aux seuls défauts de paiement.
Les retards de paiement ne sont pourtant pas une fatalité. Les pouvoirs publics se sont mobilisés ces dernières années faisant de la réduction des délais de paiement une priorité. Altares a d’ailleurs mesuré une baisse de 7 jours des retards de paiement entre 2002 à 2012. Mais depuis, le retard moyen évolue peu et bloque sur le seuil des 11 jours.
Pourquoi votre entreprise est-elle partenaire de l’événement « Assises et Prix des délais de paiement » ?
C’est au prix d’efforts collectifs et de pédagogie que la question des délais de règlement se règlera. Le dispositif législatif et répressif s’est renforcé mais malgré cela, délais et retards se maintiennent à des niveaux encore élevés, et en toute hypothèse deux fois supérieurs, selon Altares, à ceux pratiqués en Allemagne. Cette situation fragilise nos petites et moyennes entreprises. Le rapport 2018 de l’observatoire des délais de paiement estime que 19 milliards € manquent ainsi à la trésorerie des PME.
Altares mesure depuis longtemps les délais de paiement et partage ses analyses ; Nous contribuons, par exemple, aux travaux de l’observatoire présidé par Jeanne-Marie Prost. Il était donc très naturel, dès l’annonce de la création des assises, qu’Altares s’associe à cette initiative vertueuse. Depuis le départ, six ans donc, Altares est acteur de cet évènement désormais co-organisé par FIGEC et AFDCC.
Nous nous associons aux décideurs du secteur privé comme du secteur public qui agissent pour changer de culture. Les assises sont l’occasion de partager des bonnes pratiques. Les mauvais comportements étant montrés du doigt par ailleurs, il nous appartenait de mettre en avant des démarches vertueuses, des relations fournisseurs apaisées. Mais, ne nous y trompons pas, l’enjeu est autant organisationnel que financier. Fournisseur mal payé, client mal livré !
Thierry Millon est Directeur des études d’Altares D&B