LES ENJEUX DES DÉLAIS DE PAIEMENT EN FRANCE

Les délais de paiement : un enjeu national

En 2018, le crédit inter-entreprises, crédit que les entreprises s’accordent entre elles par le biais de délais de paiement consentis par les fournisseurs à leurs clients, a atteint 672 milliards d’euros soit un tiers du PIB. Il concerne aussi bien des prestations que des produits vendus aux entreprises. Près de 300 000 emplois en France sont fragilisés par la faute de ces paiements différés volontairement ou non.

Il s’agirait d’un jeu à somme nulle si la totalité des créances finissait par être honorée or il n’en est rien. Les impayés ont atteint 56 milliards d’euros en 2018. Ainsi, un quart des défaillances d’entreprises leur sont directement imputables. Cette somme perdue détruit des emplois et prive l’Etat de rentrées fiscales inhérentes à la part de la TVA. Les retards de paiement et les impayés fragilisent l’économie de notre pays.

Devant les menaces que faisait peser l’allongement des délais de paiement sur le tissu économique, les gouvernements successifs ont su prendre des mesures. Ainsi, la LME en 2008 a instauré des pénalités automatiques et des frais de recouvrement, en cas de paiement au-delà d’une période de trente jours après l’émission d’une facture (et sauf accord formalisé et justifié entre les parties pouvant repousser ce délai à 60 jours). Depuis, d’autres dispositifs ont renforcé la législation en imposant des montants de pénalités financières davantage dissuasifs.

L’Observatoire des délais de paiement avait constaté une baisse notable du délai moyen de paiement soit un retard moyen de 11 jours. En outre, il constatait que les PME avaient été plus vertueuses que les grands groupes en la matière. De plus, neuf entreprises sur dix en retard de paiement étant parfaitement solvables. Cela prouve que l’immense majorité d’entre-elles ne respecte pas les délais légaux par calcul ou par la faute d’une mauvaise organisation interne.

Malheureusement, cette courbe était repartie à la hausse. Face aux incertitudes de la conjoncture face à la crise sanitaire des entreprises ont pu être tentées de se servir de nouveau des délais de paiement comme une variable d’ajustement pour soulager leur trésorerie. Il importe que les entreprises, les professionnels du financement et les pouvoirs publics s’accordent pour instaurer un environnement vertueux qui renforce l’économie de notre pays dans un monde de plus en plus interconnecté. C’est la CONFIANCE qu’il faut restaurer, auprès des consommateurs pour qu’ils consomment et auprès des entreprises pour qu’elles se projettent dans l’avenir et mettent fin à leur attentisme.

Cette deuxième année perturbée par la pandémie de COVID voit encore les acteurs économiques faire face à des défis gigantesques les obligeant à repenser l’ensemble de leur activité ainsi que leur organisation et leurs relations avec leurs fournisseurs, clients et partenaires. Quant au gouvernement, s’il a massivement soutenu les entreprises en difficulté, il vient également de confirmer qu’il mettait fin au « quoi qu’il en coûte ». Une nouvelle fois, la réussite de la reprise économique des entreprises françaises de toutes tailles et de tous secteurs passe par la consolidation de leur trésorerie et notamment le respect des délais de paiement qui plus que jamais est un enjeu national.

Témoignages

L’AFDCC est en première ligne pour partager à grande échelle les meilleures pratiques qui sont mises en place. Nous constatons aussi que si le crédit interentreprises a diminué, il reste toutefois à un niveau trop élevé comparé à la somme des crédits bancaires accordés aux entreprises. C’est pour répondre à cet enjeu, et à d’autres, qu’aux côtés de la FIGEC, nous travaillons toujours plus à accélérer la dynamique autour des Assises des délais de paiement en proposant des éditions régionales et des ateliers avec nos partenaires.
Nicolas Flouriou
Président de l'AFDCC
La FIGEC considère les retards de paiement comme un enjeu national qui concerne l’intégralité des acteurs de l’économie de notre pays. Si l’on garde à l’esprit qu’ils sont la cause de 25% des faillites des entreprises françaises chaque année, on comprend la nécessité de relever le défi. Un événement comme Les Assises des délais de paiement constitue un rendez-vous incontournable auquel nous nous devions de contribuer au côté de l’AFDCC.
Charles Battista
Président de la FIGEC